Cancer de la prostate : symptômes, traitement, à quel âge ?

Cancer de la prostate : symptômes, traitement, à quel âge ?

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent, à la fois chez l'homme et dans l'ensemble de la population. Son incidence augmente à partir de 50 ans. Signes, examens, stades, traitements... Eclairage du Dr Pierre-Olivier Bosset, chirurgien urologue.

Où se développe le cancer ?

La prostate est une glande de l'appareil génital masculin qui joue un rôle hormonal et dans la production du sperme. L'apparition d'un cancer de la prostate correspond à la transformation des cellules de la prostate. Initialement saines, elles se multiplient de manière anarchique jusqu'à former une tumeur maligne. Dans 95% des cas, les cancers sont sous la forme histologique d'adénocarcinome qui se développe à partir des cellules composant le tissu de revêtement de la prostate. Si le cancer se localise au début dans la prostate, la tumeur peut ensuite grossir et envahir d'autres parties du corps.

schéma du cancer de la prostate
Schéma du cancer de la prostate © 123rf

Quels sont les stades du cancer ?

L'évolution de cette malade est souvent d'évolution lente. Comme pour tous les cancers, il existe plusieurs stades d'évolution correspondant au degré d'extension du cancer. L'évolution du cancer peut être local ou à distance selon le moment du diagnostic. Le cancer de la prostate peut aller du stade 1 à 4 du moins étendu au plus étendu. On distingue ainsi : 

Les cancers de la prostate localisés correspondant au stade I et II ainsi que certains stades III : le cancer est à un stade précoce. Il n'atteint pas les vésicules séminales ou d'autres organes.

Les cancers de la prostate localement avancés (certains stades III et certains stades IV) : la tumeur a franchi la capsule prostatique et s'est étendue localement.

Les cancers de la prostate au stade métastatique (certains stades IV).

Combien de cancer de la prostate par an ?

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l'homme et dans la population générale française. Selon l'Institut national du cancer, près de 54 000 nouveaux cas de cancer de la prostate ont été estimés en France en 2011.

A quel âge survient-il ?

L'âge moyen du cancer de la prostate se situe aux alentours de 70 ans, mais certains hommes sont affectés à un âge plus précoce. Ce cancer est très rare avant 50 ans. Son incidence augmente avec l'âge, de 50 à 70 ans.

Quels sont les symptômes ?

Ce cancer n'est parfois jamais découvert du vivant du malade. Ce n'est donc qu'à un stade d'évolution plus avancé que les premiers symptômes surviennent. Dans la majorité des cas, il s'agit principalement de symptômes urinaires qui affectent les mictions (action d'uriner) : 

  • besoins impérieux d'uriner,
  • fréquence mictionnelle excessive,
  • douleurs mictionnelles, 
  • hématurie,
  • rétention aiguë d'urine,
  • dysurie.

Parmi les autres symptômes possibles : infection de l'appareil urinaire, présence de sang dans les urines ou dans le sperme, douleurs dans le bas du dos ou dans les os.

Quand se faire dépister ?

L'âge étant un facteur de risque important, les hommes de plus de 60 ans font l'objet d'une surveillance médicale accrue. Le toucher rectal représente la méthode la plus efficace pour détecter la présence éventuelle d'une masse au niveau de la prostate. Régulièrement ou en cas de doute, le médecin préconise également un dosage sanguin du taux de Prostate Specific Antigen (PSA), le principal reflet du fonctionnement de la glande prostatique. "Dans l'interrogatoire, il faut aussi rechercher les autres facteurs de risque du cancer de prostate : terrain familial (antécédent de cancer de prostate) et origines ethniques (DOM-TOM, africains)", détaille le Dr Pierre-Olivier Bosset, chirurgien urologue

Quels sont les examens pour poser le diagnostic ?

Le toucher rectal est l'étape initiale dans la recherche d'un cancer de la prostate. Il est conseillé aux hommes de plus de 50 ans de faire réaliser par leur médecin traitant, une fois par an, un toucher rectal, afin de dépister la maladie au stade le plus précoce. Le médecin prescrit aussi un dosage du PSA dans le sang. Lorsque ces différents examens renforcent la suspicion de cancer, une biopsie prostatique est à réaliser (sous anesthésie locale). La biopsie est effectuée sous contrôle échographique voir sous IRM-guidée. Les biopsies de prostate permettent de faire le diagnostic de cancer de la prostate. L'IRM prostatique est aussi de plus en plus utilisé pour dépister un cancer de la prostate. En cas de résultats positifs, un bilan plus complet sera réalisé afin de déterminer la nature du cancer, son stade d'évolution et son extension (Pet-scan...). 

Quels sont les traitements du cancer de la prostate ?

Le traitement proposé, en accord avec le patient, repose sur l'avis rendu en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Chirurgie, radiothérapie, curiethérapie, associées ou non à une hormonothérapie et une chimiothérapie sont envisagés selon le stade de la tumeur. 

► La radiothérapie externe détruit les cellules de la tumeur en irradiant la prostate grâce à une source de rayons située à l'extérieur du patient.

► La curiethérapie s'effectue pour des cancers localisés de faible risque. Ce traitement présente l'avantage d'être faiblement toxique pour les organes proches de la prostate, de nécessiter une hospitalisation plus courte (environ un ou deux jours) et des complications moins importantes (troubles urinaires et impuissance). 

► L'hormonothérapie consiste à bloquer les hormones "masculines" responsables du développement de la tumeur. Ce traitement concerne plus particulièrement les hommes âgés. C'est le traitement de référence du cancer de la prostate avec atteinte ganglionnaire pelvienne et du cancer de la prostate métastatique. L'hormonothérapie peut-être proposée isolément ou avec la radiothérapie externe selon l'état d'avancement du cancer de prostate. Elle peut être proposée après chimiothérapie également.  

► La chimiothérapie concerne certains cas de cancer hormono-résistants ou les cancers de prostate d'emblée multi-métastatiques.

► La prostatectomie consiste à enlever chirurgicalement la prostate et les vésicules séminales. "Les voies d'abord possible sont par voie ouverte, par cœlioscopie ou par cœlioscopie robot assistée. La préservation des bandelettes d'érection se discute en fonction, de l'état d'avancement du cancer de prostate mais aussi de la fonction sexuelle du patient avant la chirurgie", explique le Dr Brosset.

► L'hormonothérapie est le traitement de référence pour les cancers de la prostate métastatique.

Modalités de traitements du cancer de la prostate selon le stade de la maladie.
Modalités de traitements du cancer de la prostate selon le stade de la maladie. © Institut National du Cancer
Modalités de traitements du cancer de la prostate aux stades plus avancés
Modalités de traitements du cancer de la prostate aux stades plus avancés © Institut National du Cancer

Comment éviter le cancer de la prostate ?

Il est possible d'agir sur certains facteurs de risque. En effet, il est recommandé de :

  • surveiller son hygiène de vie,
  • pratiquer une activité physique minimum plusieurs fois par semaine,
  • limiter sa consommation de viande et de produits trop riche en calcium,
  • éviter les aliments conduisant à un apport calorique important.
  • respecter une alimentation riche en légumineuses, en lycopène (tomate) et en vitamine E.

Toutefois, "l'impact de ces recommandations reste cependant aujourd'hui difficile à vérifier", tempère le Dr Brosset.

Quel est le pronostic d'un cancer de la prostate ?

Le PSA devient presque indétectable lorsqu'un traitement a été entrepris avec succès. Le suivi du traitement repose sur l'examen clinique et un dosage répété du PSA. Une remontée du taux de PSA peut signifier une récidive du cancer ou refléter une inefficacité du traitement. Dans ce cas, un traitement adapté est alors décidé. Dans tous les cas, plus la maladie est détectée précocement et plus les chances de guérison sont importantes.

Merci au Dr Pierre-Olivier Bosset, chirurgien urologue.