Sonde gastrique : pourquoi, à domicile, combien de temps ?

La nutrition entérale est un moyen efficace pour apporter les nutriments nécessaires afin de reprendre du poids et le stabiliser. L'acheminement des nutriments dans l'estomac, le duodénum, ou encore le jéjunum, se fait au moyen d'une sonde. Elle peut être nasogastrique ou de gastrotomie. Plus d'explications avec Guilaine Couffon.

Sonde gastrique : pourquoi, à domicile, combien de temps ?
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Définition : c'est quoi une sonde gastrique ? 

La sonde gastrique est une sonde que l'on introduit dans l'estomac dans la grande majorité des cas par voie nasale (selon la durée du traitement). Une fois lubrifiée, la sonde est introduite par un professionnel soignant dans la narine (rarement par la bouche). "Le patient est assis, tête surélevée en hyper-extension ("Sniffing" position) avec le cou légèrement fléchi", explique Guilaine Couffon, directrice des opérations chez Vivalto Dom, prestataire de santé à domicile. La progression doit être lente pour se localiser dans l'œsophage puis descendre jusqu'à l'estomac. Cette procédure est désagréable pour le patient mais pas douloureuse. Le contrôle de la bonne position de la sonde peut être réalisé à l'aide d'une radiographie. "Cependant, un contrôle par stéthoscope peut suffire à vérifier le bon positionnement de la sonde : une fois la sonde posée (et bien tolérée de fait par la personne), le soignant comme l'infirmière injecte une seringue d'air de 50 ml environ par l'extrémité de la sonde, en, posant le stéthoscope 8 à 10 cm au-dessous du sternum, on entend alors les "gargouillis". Lorsque la sonde est en place, le patient ne la sent pas et elle n'empêche ni de respirer, ni d'avaler". De rares complications peuvent survenir lors de la pose d'une sonde naso-gastrique, notamment une fausse route du dispositif dans la trachée. "Dans ce cas, le patient peut se mettre à tousser et à présenter une dyspnée. La sonde naso-gastrique peut à terme occasionner une irritation locale au niveau de la narine, parfois des petits saignements de nez, un inconfort". Des conseils d'entretien et d'utilisation sont dispensés par les infirmiers. 

Schéma d'une sonde gastrique
Schéma d'une sonde gastrique © Artemida-psy adobestock

"On distingue plusieurs sondes pour alimentation", poursuit Guilaine Couffon : 
► L'un des premiers moyens pour acheminer les nutriments est la sonde nasale (ou nasogastrique). "Cette sonde introduite par le nez permet l'administration des nutriments et eau directement dans l'estomac, ou plus bas dans le duodénum".
► La gastrotomie désigne une forme d'alimentation assistée médicalement. "C'est la création d'un conduit à travers la peau entre l'estomac et l'abdomen. Ainsi, la sonde mise en place à travers ce conduit permet facilement l'apport direct de la solution nutritive ou poche d'alimentation au niveau du tube digestif".

Indications : pourquoi poser une sonde gastrique ?

"Une sonde gastrique est généralement prescrite dans le cadre d'une alimentation entérale pour réalimenter les sujets particulièrement dénutris ou lorsque la bouche et/ou l'œsophage doivent être mis au repos (après une radiothérapie sur la sphère ORL par exemple), détaille la spécialiste. Avec la nutrition entérale, les nutriments sont directement acheminés dans l'estomac, le duodénum, ou encore le jéjunum, au moyen d'une sonde. Cette sonde sera reliée à la poche de nutriments au moyen d'une tubulure. Cela permet ainsi de suppléer aux besoins énergétiques (maladie, traitement...)".

Quel est le principe d'une sonde gastrique ?  

La sonde nasogastrique (par voie nasale) permet l'administration des nutriments et eau directement dans l'estomac, ou plus bas dans le duodénum. La sonde au niveau du nez peut parfois générer un inconfort. "Dans le cadre d'une nutrition entérale de longue durée et selon l'état de santé du patient, le médecin peut proposer la pose d'une gastrostomie, poursuit Guilaine Couffon. Introduite par endoscopie ou lors d'une intervention chirurgicale, la sonde de gastrostomie va permettre l'apport des éléments nutritifs nécessaires déversés donc directement dans l'estomac". La sonde peut également permettre une aspiration du contenu gastrique comme dans le cas d'une intoxication digestive ou de saignements digestifs. "L'aspiration gastrique nécessite également la pose d'une sonde gastrique dont l'extrémité aboutit au niveau de l'estomac, généralement par voie nasale ou par la bouche dans les cas d'intoxication médicamenteuse (plus rapide). Cette aspiration gastrique peut être préconisée en cas d'occlusion intestinale, c'est-à-dire que le transit n'est plus fonctionnel. Ainsi, à cause d'une constipation fonctionnelle, le contenu des intestins s'accumule et finit par remonter dans l'estomac, entrainant des vomissements et un inconfort important pour le patient". Une aspiration douce en continu ou par intervalle permet de soulager le patient en vidant régulièrement le contenu de son estomac. L'aspiration gastrique par gravité permet de recueillir le contenu gastrique. Le procédé de dépression permet de l'aspirer. "Par ce même procédé, on peut pratiquer un lavage d'estomac pour soulager le patient ou en cas d'ingestion médicamenteuse (tentative de suicide) ou lors de saignements digestifs".

Sonde gastrique à l'hôpital : comment ça se passe ? 

La pose de sonde naso-gastrique (SNG) est un acte infirmier. Il peut se faire à l'hôpital comme à domicile. Il est réglementé par les articles R.4311-7 et R.4311-5 du Code de la Santé Publique et se réalise sur prescription médicale (PM).
Art R.4311-7 : l'infirmier […]est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d'une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d'un protocole […]: pose de sondes gastriques en vue de tubage, d'aspiration, de lavage ou d'alimentation.
Art R.4311-5 : dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier […] accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage : administration de l'alimentation par sonde gastrique, sous réserve des dispositions prévues à l'article R.4311-7 et changement de sonde gastrique ; soins et surveillance de patients en assistance nutritive entérale ou parentérale.
"L'alimentation entérale peut être débutée, généralement en service hospitalier, progressivement dans les 6 heures à 8 heures selon les recommandations de la SFNEP (Société Francophone de Nutrition Clinique et Métabolisme), explique notre interlocutrice. L'utilisation précoce de la sonde dans les 3 heures à 6 heures après sa pause peut se faire à condition de faire passer préalablement 500 ml à 1 L d'eau afin de prévenir toute fuite éventuelle de la sonde". Le dispositif de sonde de gastrostomie peut être proposé soit dans un cadre hospitalier, soit dans au domicile du patient. "L'infirmière libérale comme l'infirmière coordinatrice du prestataire qui fournit le matériel peut accompagner le patient ou l'aidant dans l'apprentissage de ces gestes (branchement et débranchement) afin d'être autonome dans cette pratique. Cet appareillage deviendra familier pour s'intégrer pas à pas dans le quotidien du patient et de sa famille. Les pompes sont pré-programmées, les soins non stériles, et une astreinte infirmière 24H sur 24h permet de répondre à tout défaut technique".  

Sonde gastrique à domicile : comment ça se passe ? 

La pose de sonde naso-gastrique (SNG) est un acte infirmier. Il peut se faire à l'hôpital comme à domicile. Il est réglementé par les articles R.4311-7 et R.4311-5 du Code de la Santé Publique et se réalise sur prescription médicale (PM).
Art R.4311-7 : l'infirmier […] est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d'une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d'un protocole […]: pose de sondes gastriques en vue de tubage, d'aspiration, de lavage ou d'alimentation.
Art R.4311-5 : dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier […] accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage : administration de l'alimentation par sonde gastrique, sous réserve des dispositions prévues à l'article R.4311-7 et changement de sonde gastrique ; soins et surveillance de patients en assistance nutritive entérale ou parentérale.
"L'alimentation entérale peut être débutée, généralement en service hospitalier, progressivement dans les 6 heures à 8 heures selon les recommandations de la SFNEP (Société Francophone de Nutrition Clinique et Métabolisme), explique notre interlocutrice. L'utilisation précoce de la sonde dans les 3 heures à 6 heures après sa pause peut se faire à condition de faire passer préalablement 500 ml à 1 L d'eau afin de prévenir toute fuite éventuelle de la sonde". Le dispositif de sonde de gastrostomie peut être proposé soit dans un cadre hospitalier, soit dans au domicile du patient. "L'infirmière libérale comme l'infirmière coordinatrice du prestataire qui fournit le matériel peut accompagner le patient ou l'aidant dans l'apprentissage de ces gestes (branchement et débranchement) afin d'être autonome dans cette pratique. Cet appareillage deviendra familier pour s'intégrer pas à pas dans le quotidien du patient et de sa famille. Les pompes sont pré-programmées, les soins non stériles, et une astreinte infirmière 24H sur 24h permet de répondre à tout défaut technique".  

Quels sont les risques d'une sonde gastrique ? 

"On distingue plusieurs types de risques, répond Guilaine Couffon.
► Des complications liées à la sonde : chute de la sonde, obstruction de la sonde, détérioration du connecteur de la sonde, fuite…
► Des complications cutanées : inflammations, irritations ou rougeurs, mycoses péristomiales, bourgeon charnu, ulcération cutanée (brûlure). "Vérifier la bonne tension de la sonde, celle-ci ne doit pas être trop lâche sous risque de favoriser les fuites. Et si besoin consultez un médecin pour avis médical".
► Des complications liées à la nutrition : constipation, déshydratation, diarrhée, reflux gastro œsophagien et vomissement, toux, difficultés respiratoires. "Selon les cas, consulter un médecin ou une diététicienne".

Combien de temps dure la pose d'une sonde gastrique ? 

"Les sondes (naso-gastrique comme gastrostomie ou jéjunostomie) sont remplacées régulièrement suivant le protocole du médecin prescripteur". 

Comment se nourrir avec une sonde gastrique ? 

L'alimentation par sonde gastrique se fait par l'intermédiaire de préparations semi-liquides, élaborées par des nutritionnistes. Elles se présentent sous forme de poudre à reconstituer avec de l'eau que l'on introduit à l'aide d'une seringue dédiée à cet usage, ou par l'intermédiaire d'une poche prévue à cet effet. Mais la présentation la plus courante et la plus pratique est la poche pré-remplie.
"Les préparations de base sont équilibrées en protéines, glucides, lipides et fibres, insiste notre interlocutrice. Mais des formules spécialisées sont disponibles pour des personnes ayant des besoins spécifiques". À savoir :
► enrichies en protéines, pour les personnes souffrant d'une perte de poids importante ou d'un déficit en mobilité
► enrichies en fibres, pour les personnes constipées
► enrichies en calories, en cas de besoins énergétiques élevés
sans sucre, pour les personnes diabétiques
► des formules sans lactose pour les personnes intolérantes au lactose

Quelles sont les contre-indications d'une pose de sonde gastrique ?

La mise en place d'une sonde nasogastrique est principalement déconseillée en cas de :

  • Traumatisme maxillo-facial grave
  • Obstruction du nasopharynx ou de l'œsophage
  • Anomalies œsophagiennes, comme les ingestions caustiques récentes, les diverticules ou une sténose, en raison d'un risque élevé de perforation œsophagienne.
  • Anomalies de la coagulation non corrigées 

Merci à Guilaine Couffon, directrice des opérations chez VIVALTO Dom, prestataire de santé à domicile