Spasticité musculaire : définition, peut-elle disparaître ?

La spasticité est un phénomène musculaire parfois conséquente à une sclérose en plaques ou un AVC. Quels sont les causes ? Les symptômes ? Le traitement ? Réponses avec le Dr Laura Terrier, neurochirurgienne.

Spasticité musculaire : définition, peut-elle disparaître ?
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Définition : c'est quoi la spasticité ?

"La spasticité est un trouble moteur caractérisé par des contractions musculaires involontaires. Ce phénomène touche les muscles des membres et/ou de la nuque et se traduit par une raideur", résume le Dr Laura Terrier, Neurochirurgienne. Quand la mobilisation passive d'un membre est réalisée par l'examinateur, la résistance musculaire augmente et ce dernier revient à sa position d'origine lorsque l'on arrête la mobilisation. On la rencontre notamment dans certaines pathologies comme dans les formes évoluées de la sclérose en plaques ou dans le cadre de séquelles d'accident vasculaire cérébral (AVC).

Quelle est la cause d'une spasticité ? 

"La spasticité est d'origine neuromusculaire, soit à cause d'un problème nerveux touchant les neurones moteurs des muscles à commande volontaire, ou bien un problème de transmission d'information entre le nerf et le muscle (conduction nerveuse)", poursuit la spécialiste. Il faut savoir que nos muscles ne sont pas totalement relâchés au repos. "En effet, il persiste une tension musculaire qu'on appelle le tonus. Celui-ci est régulé par le réflexe d'étirement (réflexe ostéo-tendineux) qui correspond à la contraction d'un muscle en réponse à son étirement. Il s'agit du réflexe obtenu par le médecin en frappant le genou du patient avec un marteau". La spasticité survient en cas de lésion du système pyramidal dans les pathologies suivantes :

  • les accidents vasculaires cérébraux (AVC)
  • la sclérose en plaques (dans les formes évoluées) 
  • les lésions cérébrales et médullaires (de la moelle épinière) : traumatisme, tumeur, infection
  • la paralysie cérébrale.

La spasticité peut-elle disparaître ?

La spasticité ne peut être guérie, mais ses symptômes peuvent être traités. "La prévention de la spasticité est très importante afin d'éviter le retentissement fonctionnel et sur la qualité de vie des patients", conclut la neurochirurgienne.

Quels sont les symptômes d'une spasticité ?

"Les principaux symptômes de la spasticité sont l'hypertonie musculaire et l'exacerbation des réflexes ostéo-tendineux", complète notre interlocutrice. Ces symptômes peuvent avoir pour conséquences :

  • des mouvements involontaires tels que les spasmes
  • une contracture
  • une posture anormale
  • des déformations osseuse et articulaire
  • des douleurs
  • une raideur

"La spasticité a un retentissement fonctionnel et sur la qualité de vie. Elle affecte les actions motrices telles que la marche mais aussi la perte de la dextérité dans les doigts et ainsi la réalisation des tâches quotidiennes comme se laver et s'habiller. Le retentissement est aussi psychologique avec notamment la perte d'estime de soi".

Comment pose-t-on le diagnostic d'une spasticité ?

Le diagnostic de la spasticité est avant tout clinique. "Le degré de résistance musculaire à l'étirement permet de confirmer le diagnostic, répond la neurochirurgienne. On parle d'hypertonie élastique, c'est-à-dire que la spasticité augmente quand l'examinateur mobilise un membre, et celui-ci reprend sa position initiale dès qu'il est relâché, comme un ressort". L'examen du patient a pour but de confirmer la présence de spasticité et de rechercher les difficultés motrices, le degré de raideur et le retentissement fonctionnel. "Cette évaluation est essentielle pour ensuite définir les objectifs du traitement". En plus de l'examen clinique, d'autres outils sont parfois utilisés tels que l'enregistrement de l'activité musculaire par des électrodes externes (électromyographie). "Il existe des échelles, comme celle d'Ashworth, permettant d'évaluer la gravité de la spasticité et la réponse au traitement".

Quel est le traitement d'une spasticité ?

"La prise en charge et le suivi de la spasticité est multidisciplinaire et personnalisée au patient avec une approche réadaptative mais aussi éducative et participative, reconnait le Dr Terrier. Le programme est établi après évaluation de la spasticité et de ses conséquences et dépend des objectifs fixés avec le patient. Elle repose sur des moyens médicamenteux et non médicamenteux". L'objectif est d'améliorer la qualité de vie en soulageant les symptômes et en améliorant les fonctions actives du patient. "La rééducation (kinésithérapie et ergothérapie) est la base du traitement de la spasticité". Les différents traitements sont :

  • La pose d'appareillage (attelles de contention)
  • Les médicaments (Baclofène, Dantrolène)
  • L'injection de toxine botulique dans le muscle pour le décontracter
  • L'injection au niveau d'un nerf moteur pour le détruire (chimiodénervation) par un anesthésique local, un relaxant musculaire ou de l'alcool (alcoolisation)
  • La chirurgie

"Il existe également différentes techniques neurochirurgicales et neuro-orthopédiques dans le traitement de la spasticité, comme :

  • L'administration dans la colonne vertébrale (intrathécale) d'un relaxant musculaire via une pompe implantée
  • La dénervation des muscles (neurotomie)
  • La section des tendons (ténotomies)
  • La section des racines nerveuses dans la moelle épinière (rhizotomie)".

Merci au Dr Laura Terrier, Neurochirurgienne au CHU de Rouen.

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