Tendinopathie : hanche, genou, épaule, causes, quand opérer ?

La tendinopathie est le terme général pour désigner les pathologies qui entraînent la souffrance d'un tendon. Elles peuvent survenir de manière ponctuelle, ou s'inscrire dans le temps. Les explications du Dr Laurent Grange, rhumatologue et président de l'AFLAR.

Tendinopathie : hanche, genou, épaule, causes, quand opérer ?
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Définition : qu'est ce qu'une tendinopathie ?

Une tendinopathie est plus communément appelée "tendinite". Il s'agit d'une inflammation chronique d'un tendon, des sortes de cordons fixés sur les parties du squelette, servent comme prises aux muscles. Ceux-ci peuvent être fragilisés et provoquer des douleurs. S'ils peuvent tous être le siège d'une tendinite, les plus fréquentes sont celles de l'épaule, du tendon d'Achille, du genou, du coude, du poignet et de la hanche. La pratique du sport de manière intensive par exemple peut entraîner des lésions comme des inflammations des tendons. La tendinite provoque des douleurs d'intensité variables selon le type et l'intensité des lésions. Elle peut également aboutir à une perte de la mobilité et une atrophie musculaire.

Différence entre tendinopathie et tendinite ?

Si dans le langage courant, une tendinite et une tendinopathie tendent à être amalgamées, dans le langage médical, une tendinopathie est l'ensemble des problèmes et des pathologies du tendon et la tendinite est une inflammation du tendon.

Tendinopathie de la hanche

Elle est liée à l'usure des tendons du fessier, le plus souvent du moyen fessier. Elle se caractérise par des douleurs sur la face latérale du haut de la cuisse et entraîne des difficultés à grimper des escaliers. 

Tendinopathie de l'épaule ou tendinite de la coiffe des rotateurs

"Elle touche ce que l'on appelle la "coiffe des rotateurs" qui réunit 4 tendons, le muscle subscapulaire, sous-scapulaire ou encore subscapularis, deux rotateurs latéraux (ou externes) et un abducteur. On lui adjoint également le tendon du chef long du muscle biceps brachial ", indique le Dr Laurent Grange. Ils participent aux mouvements de rotation et d'élévation de l'épaule. Cette inflammation entraine des douleurs et des difficultés à lever le bras.

Tendinopathie du genou (rotulienne)

La tendinopathie du genou est une atteinte des tendons qui s'insèrent au niveau des os du genou (tibia, fémur, rotule). On distingue la tendinite rotulienne, le tendon étant situé sous le genou, et du tendon quadricipital située au-dessus du genou.

Tendinopathie calcifiante

La tendinopathie calcifiante (TC) est l'une des causes les plus fréquentes de douleurs d'épaule d'origine non traumatique. "On la retrouve dans 10 à 42 % des douleurs chroniques de l'épaule La TC touche en général des personnes de 30 à 60 ans et davantage de femmes que d'hommes, précise le Dr. Grange. L'atteinte est fréquemment bilatérale et l'apparition d'une TC n'est pas liée au travail manuel. Le plus souvent, les dépôts de calcium sont localisés au niveau du tendon de la coiffe des rotateurs, moyen fessiers et le coude ". Les facteurs associés à l'apparition des symptômes doivent encore être identifiés, bien que la présence d'une bursite à l'imagerie et la taille de la calcification aient été associées à la douleur. Les dépôts calciques sont responsables de douleurs chroniques pouvant entraîner une gêne lors des activités du quotidien et professionnelles. "Bien que le phénomène soit fréquent, les mécanismes conduisant au dépôt de cristaux de calcium dans le tendon restent mal compris ", remarque le rhumatologue.

Causes

Les causes des tendinopathies sont des sollicitations trop importantes des muscles, des mouvements répétés, des traumatismes, mais aussi des pathologies inflammatoires, des dépôts cristallins au niveau du tendon, une origine infectieuse... Le plus souvent, elle est consécutive à la pratique d'un sport, à l'exercice d'une profession qui demande d'effectuer une tache répétitive, à des microtraumatismes répétés (coups, chocs) ou à une mauvaise posture. 

Symptômes

Elles provoquent une inflammation des tendons, voire dans certains cas leur rupture. Les mouvements sont difficiles et douloureux lors de la mobilisation du tendon. Un gonflement au niveau de l'articulation peut aussi être observé.

Diagnostic

Une échographie permet de mettre en évidence une inflammation du tendon. Parfois, une IRM peut être nécessaire en cas de suspicion de rupture ou de persistance des signes.

Echographie

L'échographie est l'examen le plus fréquemment effectué en première intention. Il permet de mieux visualiser la lésion et d'en préciser la nature (déchirure, nodule, épaississement, œdème, cicatrices, calcifications...). D'autre part, l'échographie permet d'évaluer la chronicité ou la récente apparition de la tendinite. Le doppler utilisé au cours de l'examen retrouve les signes de l'inflammation. L'échographie permet également de surveiller l'évolution de la tendinite.

IRM

L'IRM est conseillée lorsqu'une tendinite évolue plus de 2 mois malgré la mise en place de traitements appropriés et la mise au repos du tendon. L'IRM permet d'évaluer la lésion du tendon en cause mais également l'état de l'os et de l'articulation situés près du tendon lésé.

Quand et qui consulter ?

En premier lieu votre médecin traitant. Au besoin, il vous orientera vers un rhumatologue. 

Traitement : comment soigner une tendinopathie ?

  • Tendinopathie aiguë : En premier lieu, il repose sur la mise au repos articulaire et la prise d'antalgiques, AINS en l'absence de contre-indication. La rééducation chez un kinésithérapeute est aussi préconisée : cryothérapie et étirements, avant la reprise progressive de l'activité.
  • Tendinopathie chronique : en premier lieu, un repos articulaire est préconisé. Une immobilisation par orthèse ou attelles peut être utile. La prise antalgique ou AINS permet d'atténuer les douleurs. Une à trois injections péritendineuse de corticoïdes sont également prescrites. Des séances de rééducation avec un kinésithérapeute permettent de retrouver une meilleure mobilité. "La rééducation fonctionnelle et l'ergothérapie sont tout à fait utiles dans les formes chroniques pour permettre une réhabilitation du geste ", précise le Dr. Grange. 

Quand opérer ?

"La chirurgie ne sera proposée qu'en cas d'échec d'un traitement médical bien conduit et si la gêne fonctionnelle est très importante", explique notre expert. Dans plus de 90 % des cas, il s'agit d'interventions mini-invasives par chirurgie orthoscopique. Elle consiste à peigner le tendon, c'est-à-dire l'inciser en bandelette, une méthode qui aide à stimuler sa cicatrisation. Elle se pratique sous anesthésie locale. Après l'intervention, la zone est immobilisée pour mettre le tendon au repos. Des séances de kinésithérapeute sont ensuite nécessaires.

Merci au Dr Laurent Grange, rhumatologue et président de l'AFLAR.