Examen clinique : définition, complet, en quoi ça consiste ?

Après une première partie capitale d'interrogatoire, le médecin examine le patient, puis formule sa conclusion. L'examen clinique dépend de la plainte du patient, ainsi que des anomalies relevées lors du questionnaire. Plus d'informations avec Docteur Florence Zembra, médecin généraliste.

Examen clinique : définition, complet, en quoi ça consiste ?
© Andrea De Martin

Qu'est-ce qu'un examen clinique ?

L'examen clinique se divise en trois parties.

► L'introduction à l'examen physique, d'abord, durant laquelle le médecin pose des questions au patient, est "primordiale", tient à souligner le Docteur Florence Zembra, médecin généraliste. Durant cette anamnèse (terme médical employé pour désigner cette première étape), le patient informe le généraliste du motif de sa venue, décrit ses douleurs. Il est ensuite questionné sur son âge, son poids, sa taille, ses antécédents familiaux, mais aussi sur sa consommation d'alcool, de tabac, la qualité de son sommeil, son activité sportive, son stress. Tant de questions sur son histoire et son hygiène de vie qui permettent au médecin généraliste de cibler la ou les partie(s) du corps à examiner.

► Deuxième étape, le moment de la consultation au cours duquel le médecin examine le patient : "il l'inspecte, l'ausculte, palpe son pouls, ses extrémités, son ventre, prend sa tension…", liste l'interrogée.

► Le praticien a récolté des informations au cours de ce questionnaire et durant de l'inspection du corps, qui vont lui permettre d'en venir à la troisième et dernière étape de l'examen clinique : la conclusion. Il élabore alors un diagnostic et prescrit un traitement, ou demande une batterie d'examens complémentaires (scanner, radiographie, analyses de sang…) nécessaire à l'obtention du diagnostic final. 

Qu'est-ce qu'un examen clinique "complet" ?

Un examen clinique peut-être qualifié de "complet" lorsque le patient est examiné "de la tête aux pieds." L'examen clinique complet comprend donc : un examen clinique cardiaque et vasculaire, pulmonaire, neurologique, urologique, gynécologique pour les femmes, dermatologique, stomatologique, etc. Dans les faits, un tel examen est "très rare", indique le Docteur. L'interrogatoire en première partie de consultation permet - c'est son rôle - de savoir où et quoi examiner.

Y-a-t-il des différences entre l'homme et la femme en cas d'examen clinique ?

L'examen clinique est orienté selon la plainte du sujet. Patients masculins et féminins ne consultent parfois pas pour les mêmes douleurs. Les premiers peuvent avoir des problèmes de prostate, et les secondes, de douleurs menstruelles. De fait, il existe des différences entre l'homme et la femme dans ces cas d'examens cliniques. "L'examen clinique dépend surtout de l'âge de la patiente et donc de la période hormonale qui dicte en partie son état de santé", précise le médecin généraliste. De la même manière, l'interrogatoire des patients masculins différeront selon leurs âges. "À partir de 40 ans, il peut être interrogé sur d'éventuels problèmes urinaires", exemplifie l'interrogée. 

Examen clinique de l'épaule : en quoi ça consiste ?

Après un interrogatoire, toujours clé, le médecin réalise plusieurs tests : "un test de la mobilité, en vérifiant si l'épaule du patient peut bouger dans tous les axes, un test de la force musculaire de ce dernier, puis neurologique, en examinant la sensibilité de l'épaule. Il observe aussi l'état tendon", développe le Docteur Florence Zembra, qui ajoute que l'épaule n'est pas mobilisée lors d'un examen clinique si le patient ne consulte pas pour un inconfort ou une douleur en lien avec cette partie du corps.

Examen clinique du genou : en quoi ça consiste ?

Même chose pour l'examen clinique du genou. Sauf demande du patient qui ressentirait un inconfort ou une douleur, le médecin généraliste ne va pas réaliser d'examen clinique du genou, à moins qu'il ait observé durant la consultation une posture ou une démarche anormale du patient, et l'ait mise en perspective avec l'âge de ce dernier et d'autres informations retenues durant l'interrogatoire. L'examen clinique du genou sera réalisé plus en profondeur par un orthopédiste ou un chirurgien-orthopédiste, qui réalisera une inspection du patient (debout, en marche, couché), une palpation, ou encore des tests ligamentaires.

Examen clinique pulmonaire : en quoi ça consiste ?

Lors de l'interrogation, le patient répond à des questions qui permettent au professionnel de santé de se faire un premier avis. Fume-t-il ? Se sent-il rapidement essoufflé ? Etc. Puis, "durant l'auscultation pulmonaire, le praticien écoute la toux, les râles, les crépitants (qu'il peut entendre si un malade est atteint d'une pneumonie ou d'œdème au poumon)…", développe l'interrogée.

Examen clinique urologique : en quoi ça consiste ?

L'interrogatoire, réalisé en amont, permet de "savoir, déjà, quand la personne urine, combien de fois par jour, si l'écoulement est faible, ou difficile, ou encore douloureux", introduit le médecin généraliste, qui ajoute que l'examen clinique urologique diffère selon le genre de la personne qui consulte. Pour les patients masculins, l'examen clinique urologique nécessite parfois de faire un touché rectal, afin d'évaluer l'état de la prostate, comme l'explique l'interviewée. Pour les femmes, les questions lors de l'interrogatoire peuvent concernées leur incontinence urinaire dues aux fuites après leur accouchement, par exemple. Un examen pelvien est effectué si elles présentent des symptômes urinaires. Selon les informations récoltées par le généraliste, ce dernier va savoir à l'issue de cet examen clinique urinaire s'il doit ou non orienté son patient vers un urologue. Ce dernier observera la fosse lombaire, l'abdomen, la région inguinale (située entre l'abdomen et la cuisse), ainsi que les organes génitaux. Une analyse d'urine peut être prescrite en examen complémentaire, afin d'évaluer si le patient souffre, ou non, de troubles urologiques. 

Examen clinique neurologique : en quoi ça consiste ?

L'examen clinique neurologique permet de vérifier si le patient a un déficit sensitif ou moteur. "Durant l'interrogatoire, le médecin observe le patient en train de répondre à ses questions, ses mouvements qui pourraient indiquer un problème d'équilibre. Il est aussi attentif à l'aspect de son visage et de son regard, pour savoir s'ils sont figés (paralysies dues alors à un problème neurologique), ainsi qu'à sa manière de répondre (Semble-t-il avoir des troubles de la mémoire, de l'attention, de la compréhension ?)", détaille le Docteur Florence Zembra. Le praticien peut demander au patient de tirer la langue, afin de tester sa motricité linguale, ou de marcher, ou encore de se tenir debout, pieds joints et bras tendus, yeux ouverts, puis fermés, selon les recommandations du Collège des Enseignants de Neurologie (CEN). Celui-ci indique également que le médecin doit tester de multiples réflexes du patient (ostéo-tendineux et cutanéo-muqueux), afin de vérifier s'ils sont présents et normaux, ou aboli, ou au contraire anormalement vif. Le médecin généraliste va pouvoir estimer si l'état du patient va nécessiter une consultation avec un neurologue ainsi qu'un examen complémentaire (IRM cérébral).

Examen clinique en cas de décès : en quoi ça consiste ?

On parle d'avantage d' "examen externe" que d'examen clinique du corps d'un défunt. Les observations d'un professionnel de santé, missionné par une autorité judiciaire, doivent informer sur les causes et les circonstances du décès, la date à laquelle remonte la mort… voire parfois à identifier le défunt. Il observe alors si des lésions traumatiques sont visibles à l'œil nu (et leur nombre, leur degré de gravité), selon le site de la police scientifique. Si cet examen du corps n'apporte pas de réponses suffisantes, le médecin légiste procède à un examen minutieux du cadavre (au niveau de la tête, du tronc, des membres), il peut réaliser des prélèvements et demander à effectuer des analyses (analyse toxicologique des cheveux, par exemple). L'enquête peut se poursuivre avec une autopsie, dite "médico-légale", qui diffère de la "médicale". Au cours de l'autopsie, le médecin légiste examine l'extérieur mais aussi l'intérieur du corps du défunt. Il est autorisé à inciser la peau à l'aide d'un scalpel, afin de découvrir des hématomes visibles sous-cutané, par exemple. L'autopsie médicale permet quant à elle, de préciser les causes et les circonstances d'une mort naturelle. Elle aide aussi les étudiants en médecine à apprendre le corps humain. Lorsque le défunt avait donné l'autorisation de son vivant, les futurs médecins peuvent l'examiner. 

Merci au Docteur Florence Zembra, médecin généraliste.