Ménopause et libido : quel plaisir et désir après 50 ans ?

Ménopause et libido : quel plaisir et désir après 50 ans ?

Le sexe après 50 ans n'est plus le même qu'à 20 ans. Parce que le corps change et les envies des femmes aussi. Heureusement, ménopause ne veut pas dire fin des plaisirs.

Selon une enquête parue en 2020, 15% des femmes ménopausées ou pré-ménopausées vivent mal le passage à la ménopause et 36% constatent une baisse de leur désir sexuel (libido). La ménopause intervient en moyenne aux alentours de 51 ans. Mais des modifications physiologiques et hormonales peuvent survenir plus tôt, vers l'âge de 40-45 ans, lors de la périménopause, laps de temps qui englobe la période d'irrégularités des cycles menstruels précédant la ménopause et l'année qui suit l'arrêt réel des règles, ou plus tard, vers 55 ans.

Est-ce que le désir baisse forcément à la ménopause ?

"La ménopause est marquée par des changements hormonaux tels que la chute du taux d'œstrogènes qui sont des hormones jouant un rôle dans la libido mais elles n'interviennent pas seules. Il y a également, au niveau des glandes surrénales, des hormones - la testostérone - qui agissent sur le désir sexuel. Ces hormones là ne chutent pas à la ménopause. La libido n'est donc pas uniquement liée aux oestrogènes et peut rester normale après la ménopause, rassure le Dr Christelle Besnard-Charvet, gynécologue-obstétricien. Le désir peut exister jusqu'à 50, 60 ans... voire même jusqu'à la fin de la vie !"

Pourquoi le plaisir peut baisser à 50 ans ?

► Un vagin plus sec : Les femmes confondent souvent désir avec plaisir. "Une femme peut avoir très envie de faire l'amour, sans pour autant en être capable mécaniquement", précise le Dr Besnard-Charvet. En effet, si la libido est principalement liée au côté psychologique, le plaisir sexuel et l'atteinte de l'orgasme sont sous la dépendance des œstrogènes. "On parle alors de problèmes "mécaniques" ou "physiques". La carence en œstrogènes entraîne souvent un manque de lubrification vaginale, qui peut ainsi être plus longue à obtenir. Or, c'est un véritable cercle vicieux : les rapports peuvent devenir de moins en moins agréables, voire douloureux pour certaines femmes. Et ces douleurs peuvent engendrer une appréhension ou une anticipation négative lors des rapports suivants, ce qui peut, sur le long terme, avoir un impact sur l'excitation sexuelle et sur l'envie de faire l'amour" détaille la gynécologue. 

► Une atrophie de la vulve et du vagin : A la ménopause, la vulve et le vagin subissent des modifications physiologiques. "Les femmes fortement carencées en œstrogènes peuvent présenter un syndrome d'atrophie génito-urinaire qui peut rendre le rapport mécaniquement difficile", indique notre interlocutrice. Ce syndrome se caractérise par un amincissement des parois vaginales, ce qui peut provoquer un inconfort et des douleurs pendant les rapports (dyspareunie). "Evidemment, ce syndrome varie d'une femme à l'autre. Il y a des patientes chez qui, 5 à 10 ans après la ménopause, on ne peut plus introduire un doigt dans leur vagin. D'autres chez qui on ne remarque pas nécessairement d'atrophie vulvo-vaginale", nuance-t-elle. Problème : les femmes n'osent pas toujours en parler à leur médecin. Or, l'atrophie génito-urinaire peut véritablement affecter le confort pendant les rapports sexuels, impacter l'intimité au sein du couple et plus globalement altérer l'estime de soi

► Des odeurs vaginales : Ne plus avoir d'hormones dans le vagin déséquilibre la flore : le manque d’œstrogènes entraîne une diminution des "bonnes bactéries" dans le vagin et favorise l'apparition de "mauvaises bactéries" (Gardnerella, Streptocoques B...) qui ne sont absolument pas dangereuses, mais peuvent causer des pertes vaginales malodorantes. Ces odeurs intimes peuvent diminuer la confiance en soi, le désir et augmenter la gêne pendant les rapports sexuels. "Ces odeurs malodorantes ne sont pas graves et ne sont pas un signe d'infection : pour les atténuer, il suffit généralement de prendre un peu d'hormones (traitement hormonal local à base d'estriol) ou des probiotiques vaginaux. Dans tous les cas, il faut accepter que son corps change et se dire qu'il existe des solutions médicales dont il ne faut pas se priver", conseille le Dr Besnard-Charvet.

Des raisons psychologiques : "La libido n'est pas complètement hormono-dépendante. Le côté psychologique compte beaucoup", poursuit notre interlocutrice. La libido peut être affecté par un certain mal-être psychologique ou émotionnel dû aux fluctuations hormonales pendant la ménopause : on voit son corps changer, prendre quelques kilos, on est plus anxieuse, plus irritable, plus stressée, on a moins confiance en soi...et tout cela impacte l'intimité. Le mieux est d'en parler à un médecin - qu'il s'agisse d'un gynécologue, d'une sage-femme ou d'un sexothérapeute - pour surmonter ces changements et retrouver une vie intime satisfaisante.  

Quelles solutions pour une vie sexuelle satisfaisante après 50 ans ?

Il y a des gestes préventifs pour éviter le syndrome d'atrophie génito-urinaire. "Je conseille aux femmes qui n'ont pas de partenaire depuis un certain temps de surveiller leur vagin en essayant d'y introduire un ou deux doigts. Globalement, si la femme peut introduire deux doigts sans que ça lui fasse mal, le rapport est possible. En revanche si elle a mal, elle doit consulter un professionnel de santé (gynécologue, sage-femme) pour bénéficier d'une solution adaptée", préconise la gynécologue. 

Il faut "entraîner son vagin" 

"Dans l'idéal, il faudrait "entraîner" son vagin et avoir des rapports régulièrement pour éviter qu'il se rétrécisse et aussi, parce que le sperme contient des substances qui permettent de lubrifier le vagin et d'augmenter la souplesse des muqueuses", argue la spécialiste. Si on n'a pas de partenaire, cet "exercice" de prévention est tout à fait suffisant. Les femmes qui ne sont pas à l'aise avec leur corps peuvent, si elles le souhaitent, se diriger vers un médecin (sage-femme, gynécologue) qui, une fois par an environ, va regarder l'état de leur vagin et leur proposer un traitement adapté. En fonction des patientes, le professionnel de santé peut prescrire :

  • un traitement hormonal local à base d'estriol, qui a une grande efficacité sur l'atrophie et la lubrification vaginale. Toutefois, ce type de traitement convient seulement aux femmes qui n'ont pas de contre-indications aux hormones (donc pas de cancer du sein connu ou d'antécédents de cancer du sein, d'antécédents de maladie thrombo-embolique, de tumeur estrogénodépendante...)
  • un traitement à base d'acide hyaluronique (en gel ou en ovules, à appliquer deux à trois fois par semaine) qui a un effet assouplissant pour le vagin. Ce type de traitement est sans hormone et peut convenir aux femmes qui ont une contre-indication aux hormones.
  • des lubrifiants à base d'eau ou de silicone qui permettent de lubrifier le vagin et faciliter la pénétration. Mieux vaut éviter les lubrifiants à base de vaseline qui peuvent rendre poreux les préservatifs et irriter les muqueuses. 

Une sexualité plus épanouie à 50 ans ?

Bien entendu, la sexualité n'est pas la même à 20 ans qu'à 50 ans. Mais elle peut se révéler plus épanouissante et être l'occasion de découvrir de nouveaux plaisirs. "Le cap de la ménopause dans la vie d'une femme correspond à une période où les enfants vont prendre leur autonomie, quitter le domicile familial ; elle va se retrouver seule face à son compagnon. [La femme peut] voir là une nouvelle liberté et se sentir désirable et désirante, rapporte le Collège national des gynécologues et des obstétriciens français (CNGOF) dans un article sur "La ménopause et après ?Cette période se présente comme une libération du risque de grossesse et du rituel des règles, source d'un regain de sexualité avec un corps toujours désirant et un imaginaire toujours riche. Globalement, pour beaucoup de femmes, la sexualité en post-ménopause reste très agréable et pleinement satisfaisante."

Elles regorgent de confiance en elles et ont très souvent envie de faire l'amour. 

Avec les années d'expérience et le fait d'avoir généralement connu plusieurs partenaires, la femme connaît aussi mieux son corps et la manière dont il réagit. Elle a acquis une confiance en elle qui lui permet d'être plus à même de définir ses positions préférées et les parties de son corps les plus érogènes. Elle écoute ses envies, ses désirs et peut être curieuse de tester d'autres expériences ou de découvrir d'autres pratiques... "J'ai dans ma patientèle beaucoup de femmes de 50 ans qui se sont séparées de leur conjoint avec qui elles sont restées très longtemps en couple et qui retombent folles amoureuses d'un nouveau partenaire. Elles regorgent de confiance en elles, ont beaucoup d'excitation et ont très souvent envie de faire l'amour. Elles retrouvent la fougue et la passion qu'elles avaient un peu perdues auparavant. Dans tous les cas, le fait de se connaître soi-même, d'accepter les changements physiques, d'être consciente de ses envies et d'en faire part à son partenaire sont les meilleurs moyens de préserver une vie intime épanouie", conclut le Dr Besnard-Charvet.

Merci au Dr Christelle Besnard-Charvet, gynécologue-obstétricien.