Glomérulonéphrite : causes, signes, comment soigner ?

La glomérulonéphrite désigne l'atteinte inflammatoire du glomérule, la structure du rein qui est responsable de la filtration des déchets. Cette affection peut être aiguë ou chronique. Le point sur les causes, le diagnostic et le traitement avec le Dr Myriam Dao, néphrologue.

Glomérulonéphrite : causes, signes, comment soigner ?
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Définition : qu'est-ce qu'une glomérulonéphrite ?

Une glomérulonéphrite est une atteinte rénale qui peut être aiguë ou chronique (i.e. évoluer pendant plus de 3 mois). Historiquement, la glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse survenait à distance d'une infection à streptocoque (dans les suites d'une angine provoquée par cette bactérie). De très nombreuses maladies systémiques peuvent également s'accompagner d'une glomérulonéphrite, dont l'évolution peut être prolongée dans le temps : diabète, paludisme, toxicomanie, lupus érythémateux... Parfois, la cause de la glomérulonéphrite reste indéterminée.

Image d'une glomérulonéphrite
Image d'une glomérulonéphrite © designua-123RF / journal des Femmes

Qu'est-ce qu'une glomérulonéphrite membranoproliférative ?

La glomérulonéphrite membranoproliférative est une forme très rare de glomérulonéphrite dans laquelle il y a un remaniement de la membrane basale des glomérules (peloton de capillaires) associée à une prolifération inflammatoire plus ou moins importante au sein des anses capillaires glomérulaires. "La classification a été récemment modifiée pour mieux recouvrir les entités cliniques et guider les traitements. La classification actuelle repose sur le type de dépôt qui prédomine dans le glomérule : dépôts polytypiques d'anticorps ou dépôts prédominants de C3 (le C3 appartient au système du complément, l'un des composants de l'immunité inné antibactérienne). Les glomérulonéphrites membranoprolifératives avec dépôts d'anticorps, appelées glomérulonéphrites membranoprolifératives avec dépôts de complexes immuns, doivent faire recherche une cause systémique : lupus, cirrhose, infections profondes en première intention. Lorsqu'aucune cause systémique n'est retrouvée, on parle alors de glomérulonéphrites membranoprolifératives primitives. Les glomérulonéphrites membranoprolifératives à dépôts prédominants de C3 doivent faire rechercher une anomalie responsable d'une activation inappropriée du complément", développe le Dr Myriam Dao.

Quelles sont les causes d'une glomérulonéphrite ? 

La glomérulonéphrite peut être primaire, c'est-à-dire trouver son origine dans les reins, ou secondaire, auquel cas le panel de troubles est large et d'autres organes peuvent être touchés. On distingue la glomérulonéphrite aiguë et la glomérulonéphrite chronique. La glomérulonéphrite aiguë survient essentiellement à la suite d'une infection de la gorge ou de la peau par des streptocoques (uniquement chez l'enfant de 2 à 10 ans) ou d'autres types de bactéries telles que le pneumocoque, le staphylocoque, ainsi que certaines infections virales et parasitaires. En l'absence de traitement, la glomérulonéphrite aiguë peut se transformer en glomérulonéphrite chronique. Cette dernière peut aussi être provoquée par une néphrite héréditaire. La glomérulonéphrite peut être idiopathique, ce qui signifie qu'aucune cause n'est retrouvée.

Quels sont les signes cliniques d'une glomérulonéphrite ?

Les signes cliniques des glomérulonéphrites sont ceux des atteintes glomérulaires : urine mousseuse qui traduit la présence d'albumine dans les urines, œdèmes des membres inférieurs, sang dans les urines, hypertension artérielle. Une glomérulonéphrite sévère peut entraîner des épanchements pleuraux, un épanchement péricardique, de l'ascite. A terme, le risque principal est celui d'une insuffisance rénale qui peut devenir irréversible. "Les glomérulonéphrites rapidement progressives sont une urgence néphrologique. Elles se caractérisent par une altération de l'état général qui s'installe sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Des signes extra-rénaux peuvent orienter notamment saignements de nez, rhinite croûteuse, troubles de l'audition, asthénie avec perte de poids, douleurs abdominales et articulaires, nausées et vomissements, parfois associés à un fébricule", détaille la néphrologue

Comment pose-t-on le diagnostic d'une glomérulonéphrite ?

Les antécédents, l'examen clinique et le bilan biologique comprenant des analyses de sang et d'urine, permettent de suspecter une glomérulonéphrite. La présence de sang et de protéines dans les urines, facilement mise en évidence à l'aide d'une bandelette urinaire, traduit une inflammation du glomérule. Le diagnostic de certitude repose sur une analyse du rein au microscope après une biopsie rénale. Dans ce contexte, une insuffisance rénale s'aggravant rapidement justifie une hospitalisation dans les 24h en néphrologie afin de poser un diagnostic rapide, de débuter un traitement adapté et de limiter les conséquences de la glomérulonéphrite sur la fonction rénale.

Quel traitement pour soigner une glomérulonéphrite ?

Le traitement de la glomérulonéphrite est celui de la cause ayant provoqué la maladie. Typiquement, la glomérulonéphrite post-streptococcique survenant au décours d'une angine évolue favorablement après l'éradication du foyer infectieux. "Les autres glomérulonéphrites infectieuses (staphylocoques, endocardites) nécessitent la recherche et l'éradication du foyer infectieux. Lorsqu'une cause systémique (par exemple lupus) est identifiée, le traitement est celui de la cause. Dans le cas des glomérulonéphrites membranoprolifératives à dépôts prédominants de C3, des traitements immunosuppresseurs permettent de contrôler la maladie. Les glomérulonéphrites rapidement progressives nécessitent une hospitalisation en urgence pour confirmer le diagnostic et d'identifier la cause. Souvent, un traitement par immunosuppresseurs est proposé au décours", précise la spécialiste. 

Merci au Dr Myriam Dao, néphrologue à l'hôpital Necker-Enfants Malades.