Cancer du sein infiltrant : c'est quoi, quelle survie ?

Le cancer du sein infiltrant (ou carcinome canalaire infiltrant) est un cancer du sein invasif, c'est-à-dire qu'il quitte sa zone de développement pour envahir d'autres tissus. Cause de survenue, traitement, opération, chances de survie : tout savoir.

Cancer du sein infiltrant : c'est quoi, quelle survie ?
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Le cancer du sein infiltrant est un cancer du sein invasif : les cellules cancéreuses se propagent et envahissent les tissus qui entourent les lobules ou les canaux du sein où s'est formée la tumeur. Quelle est la définition exacte ? Les causes de survenue d'un tel cancer chez la femme ? Les traitements de référence ? Les chances de survie ?

Qu'est-ce qu'un cancer du sein infiltrant ?

Le cancer du sein est le type de cancer le plus fréquent avec 50 000 nouveaux cas par an. Il existe deux types de cancer du sein :

Le cancer dit In situ : "Il s'agit d'un cancer localisé, sans risque de rupture de la membrane. Attention cependant, non pris en charge celui-ci peut se transformer en cancer infiltrant", explique le Dr Didier Bourgeois, président de l'institut du sein Henri Hartmann

Le cancer du sein infiltrant : Il s'agit d'un cancer invasif. "Une membrane sépare les cellules des vaisseaux. Lorsque celle-ci est rompue, les cellules cancéreuses se propagent", poursuit notre interlocuteur. Parmi les cancers infiltrants, plusieurs sous-types existent selon l'agressivité et le mécanisme de prolifération de la tumeur. Les deux grands sous-types sont :

→ Le cancer du sein canalaire que l'on retrouve dans 60% des cas et qui est plus agressif 

→ Le cancer du sein lobulaire que l'on retrouve dans 40% des cas et qui est plus indolent.

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Schéma d'un cancer du sein infiltrant © guniita - 123RF / Journal des Femmes Santé

Quelles sont les causes d'un cancer du sein infiltrant ?

"On estime que 15% des cancers du sein ont une origine génétique. 85% sont donc non génétiques et ont donc des origines exogènes. On pense que les facteurs d'augmentation des cancers du sein dans nos pays développés sont : l'alimentation, la pollution, l'exposition à des produits cancérigènes ou encore aux perturbateurs endocriniens. Il est donc important d'adopter une bonne hygiène de vie même si l'on a bien conscience que des patientes qui ne fument pas, ne boivent pas et mangent bio peuvent également développer un cancer", liste notre expert.

Comment le diagnostique-t-on ?

L'utilité du dépistage pour diagnostiquer au plus vite le cancer est primordial. "Plus on découvre un cancer dans le dépistage, grâce à la mammographie, plus les chances de guérison sont importantes", assure le spécialiste. Deux types de dépistages existent :

Le dépistage organisé : Celui-ci a été généralisé en France en 2004. Il cible les femmes âgées de 50 à 74 ans. Ces dernières sont invitées à faire une mammographie et un examen clinique avec un radiologue tous les deux ans.

Le dépistage individuel : Il n'est pas nécessaire d'attendre de pouvoir faire partie de la fourchette d'âges du dépistage organisé pour se faire dépister. Cela peut être effectué avec le médecin traitant, le gynécologue ou encore la sage-femme.

Si la présence d'un cancer est constatée, la seule façon de savoir s'il s'agit d'un cancer in situ ou infiltrant est de pratiquer une biopsie. "Cette biopsie permettra de dresser la carte d'identité du cancer et de savoir à quel point celui-ci peut être agressif", explique le Dr Bourgeois. 

Quels sont les traitements d'un cancer du sein infiltrant ?

Selon les caractéristiques du cancer, les médecins débutent le protocole de traitement par de la chimiothérapie ou de la chirurgie. Cependant, "la chimiothérapie est bien moins utilisée dans les cas de cancers lobulaires que dans les cas de cancers canalaires car les lobulaires sont plus indolents", précise le chirurgien gynécologue; Pour choisir la chimiothérapie comme premier traitement, deux grandes indications sont prises en compte :

► Dans un premier temps, le cancer infiltrant est analysé selon trois éléments : la sensibilité des récepteurs aux œstrogènes, à la progestérone et la protéine HER2. Lorsque ces trois éléments ne sont pas présents, cela s'appelle "la triple négativité" et cela signe un cancer hautement agressif car la cellule s'est dédifférenciée. "Cela signifie que la cellule est tellement différente de sa cellule originelle qu'elle devient folle et donc agressive."

Il est impossible de guérir un cancer du sein sans chirurgie.

La seconde indication qui encourage les spécialistes à débuter le traitement par de la chimiothérapie est la présence d'un cancer qui obligerait à supprimer entièrement le sein. "On commence donc par la chimiothérapie pour faire fondre la lésion et lorsqu'elle mesure environ 1 cm, on peut alors la retirer tout en gardant le sein", explique-t-il.

Cependant, la chirurgie est la pierre angulaire du traitement contre le cancer du sein. "Il est impossible de guérir un cancer du sein sans chirurgie. Les seules femmes que l'on n'opère pas sont les femmes dont le cancer est métastatique - c'est-à-dire qu'il s'est propagé à d'autres endroits du corps - et pour lesquelles nous ne parvenons pas à contrôler la maladie. Il faut d'abord contrôler la maladie métastatique et, à ce moment-là, on pourra opérer", explique le spécialiste. Un traitement administré après la chirurgie pourra être proposé afin de réduire au maximum le risque de récidives. Ces traitements sont : la radiothérapie, la chimiothérapie, l'hormonothérapie ou l'immunothérapie.

Il existe un procédé appelé "signature génomique" qui permet de savoir lequel de ces traitements serait le plus efficace. Pour cela, les spécialistes procèdent à des analyses génétiques du cancer. "C'est une avancée incroyable car cela permet de diminuer le nombre de chimiothérapies faites de façon inutile. Sur 100 patientes qui ont eu recours à la chimiothérapie, on aurait pu en épargner 30 à 40", rapporte le Dr Bourgeois. Bémol : cet examen n'est pas pris en charge par la sécurité sociale et coûte environ 2000 euros à la charge du patient. "Dans certains instituts spécialisés, les analyses sont réalisées à la charge de l'établissement. Mais de nombreuses patientes n'en profitent pas, faute de moyens. Nous nous battons pour que cela devienne systématique et soit remboursé", souligne-t-il.

Quelles chances de survie en cas de cancer du sein infiltrant ?

"Actuellement, le taux de guérison, tous cancers du sein confondus, est de 88%. Mais ce pourcentage ne signifie rien puisque chaque année, 14 000 femmes décèdent de leur cancer. Si le cancer métastatique a de moins bonnes chances de guérison, aujourd'hui, nous savons que l'on est capable de le guérir", rassure toutefois le spécialiste.

Merci au Dr Didier Bourgeois, chirurgien gynécologue spécialisé dans la prise en charge des cancers du sein, président de l'institut du sein Henri Hartmann