Polype de la vessie : cause, douleur, opération, souvent cancéreux

Un polype est une tumeur très souvent cancéreuse de la vessie. Les polypes de la vessie se manifestent principalement par la présence de sang dans les urines. Est-ce douloureux ? Quelle est la cause ? Les symptômes ? Les traitements ? Quand opérer ? Réponses du Pr Yann Neuzillet, chirurgien urologue.

Polype de la vessie : cause, douleur, opération, souvent cancéreux
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Définition : qu'est-ce qu'un polype de la vessie ?

"Un polype de la vessie est une tumeur qui se développe à partir la muqueuse de la vessie, l'urothélium, à cause de la présence de carcinogènes, principalement ceux du tabac, éliminés sous forme active dans les urines. Il s'agit d'une maladie de toute la muqueuse de la vessie, informe le Pr Yann Neuzillet, chirurgien urologue à l'hôpital Foch (Paris) et membre du Comité de Cancérologie de l'Association Française d'Urologie (AFU). Ces polypes, ainsi appelés de par leur forme, sont des carcinomes urothéliaux dans 99% des cas. Ces cancers sont agressifs et doivent être pris en charge rapidement"

Quels sont les symptômes ?

"Le principal signe des polypes de la vessie est une hématurie, soit la présence de sang dans les urines. Ce symptôme doit toujours alerter surtout chez les personnes fumeuses. Les femmes fumeuses qui ont du sang dans les urines sans autres signes d'infection urinaire comme des brûlures urinaires et envies fréquentes d'uriner doivent consulter. Les femmes étant de plus en plus touchées par les cancers de la vessie.Il peut y avoir d'autres signes plus sournois mais qui peuvent alerter à tort : des signes d'infection urinaire mais sans germe retrouvé à l'ECBU" explique le chirurgien urologue.

schéma vessie
Schéma de la vessie avec polypes © 123rf

Quelles sont les causes ?

Le cancer de la vessie est en augmentation chez les femmes

Le principal facteur de risque des polypes de la vessie est le tabagisme. Les hommes restent les plus touchés par le cancer de la vessie mais les femmes sont de plus en plus concernées. "Le cancer de la vessie est en légère diminution chez les hommes mais en augmentation chez les femmes, cela en raison du tabagisme féminin : les femmes se retenant plus d'uriner, notamment sur leur lieu de travail, les urines des femmes stagnent plus longtemps dans la vessie et la muqueuse est plus en contact avec les carcinogènes du tabac présents dans les urines" explique-t-il.

Quand et qui consulter ?

La présence de sang dans les urines est un signe d'alerte de polypes dans la vessie. Une consultation avec son médecin traitant qui pourra adresser son patient/sa patiente à un urologue est nécessaire. "Des symptômes vésicaux pas très clairs doivent donner lieu à un examen cyto-bactériologique des urines (ECBU) et si celui-ci est négatif, il faut voir un urologue rapidement", informe le Pr Neuzillet.

Quel est le diagnostic ?

"Une fibroscopie vésicale est réalisée sous anesthésie locale pour voir s'il y a des tumeurs de la vessie Parfois, si une échographie ou un scanner a révélé la présence de polypes dans la vessie, une fibroscopie vésicale n'est alors pas nécessaire" indique le spécialiste.

Quels sont les risques de complication ?

Les polypes de la vessie ou carcinomes urothéliaux sont des cancers agressifs qui doivent être pris en charge rapidement. Lorsque le polype touche le muscle de la vessie, la vessie doit être retirée entièrement.

Quels sont les traitements ?

"Le geste thérapeutique qui permet aussi de faire le diagnostic est une résection transurétrale de vessie, une RTUV. Le polype ou les polypes de la vessie doivent être retirés en totalité. Ils sont ensuite analysés par l'ana-pathologiste. Les résultats qui parviennent environ 15 jours après permettent de savoir si c'est une tumeur cancéreuse (ce qui est le cas dans 99% des polypes de la vessie), si c'est une tumeur de bas grade ou de haut grade, et surtout de déterminer le niveau d'infiltration de la paroi par la tumeur" informe le spécialiste.

"Il est très important d'être suivi(e) même avec des tumeurs peu agressives"

Lorsque le polype touche le muscle de la vessie, le traitement de référence est la cystetomie (ablation de la vessie) "Après l'opération, des instillations peuvent être effectuées dans la vessie pour traiter tout l'urothélium et pour prévenir le risque de récidive, très fréquent : chimiothérapie à doses très fortes dans la vessie pour tuer les cellules cancéreuses ou BCG (c'est le même principe que la vaccination : injection d'une bactérie vivante atténuée pour créer une inflammation et faire venir des cellules immunitaires dans la vessie). Le BCG avec une séance d'induction et des rappels est plus efficace que la chimiothérapie" complète le spécialiste.

Quand envisager l'opération ?

Tout polype de la vessie doit être retiré le plus rapidement possible car dans l'immense majorité des cas ces polypes sont cancéreux. Les polypes de la vessie sont retirés par voie endoscopique par les voies naturelles, sous anesthésie générale ou péridurale. "La plupart du temps, cette intervention nécessite une nuit d'hospitalisation. Lorsqu'il s'agit d'un tout petit polype l'intervention peut se faire en ambulatoire avec une surveillance de quelques heures" renseigne le Pr Yann Neuzillet.

Convalescence après l'opération

"Après une résection endoscopique de la vessie, une sonde urinaire est nécessaire pendant au maximum 24h pour faire un lavage de la vessie. Les 7-10 premiers jours après l'intervention ne sont pas confortables, notamment au moment des mictions, le temps que la muqueuse de la vessie repousse" informe le chirurgien urologue. Ses conseils : bien boire pour éviter les caillots et diluer les urines. Plus les urines sont diluées et moins elles piquent Le risque de récidive étant très élevé, de 17% à 60%, des fibroscopies de contrôle sont effectuées très régulièrement : tous les 3 mois pendant 2 ans en cas de polypes importants. "Il est très important d'être suivi(e) même avec des tumeurs peu agressives" souligne le Pr Yann Neuzillet.

Merci au Pr Yann Neuzillet, chirurgien urologue à l'hôpital Foch (Paris) et membre du Comité de Cancérologie de l'Association Française d'Urologie (AFU).