Anticorps anti-thyroglobuline : que signifie un taux élevé ?

Anticorps anti-thyroglobuline : que signifie un taux élevé ?

Les anticorps anti-thyroglobuline sont des auto-anticorps c'est-à-dire qu'ils sont tournés contre la thyroglobuline, qui n'est pas un agresseur. Leur dosage sert à suivre l'évolution du cancer de la thyroïde. Quelles sont les normes ? Que signifie un taux élevé ?

Définition : c'est quoi les anticorps anti-thyroiglobulines ?

Les anticorps anti-thyroglobulines "sont une substance de défense, donc des anticorps, sécrétée par l'organisme contre la thyroglobuline", explique Dr Herve Monpeyssen, thyroïdologue. En matière de thyroïde, il y a trois types d'anticorps :

► Le premier est l'anticorps anti-thyroperoxydase (anti-TPO), "c'est le plus fréquent, qu'on mesure en cas de maladie de Hashimoto", précise le docteur.

► Le deuxième, que l'on appelle TRASK "est un anticorps anti-récepteurs de la TSH, qui signale la maladie de Basedow", indique-t-il.

► Quant aux anticorps anti-thyroglobuline, "il est nécessaire de les mesurer uniquement dans le cadre du suivi du cancer de la thyroïde. En dehors du cancer, cela n'a quasiment aucun intérêt", précise-t-il.

Quel est le rôle des anticorps anti-thyroglobulines ?

Le rôle des anticorps anti-thyroglobulines est, encore aujourd'hui inconnu. "Normalement, les anticorps sont dirigés contre un agresseur, explique le médecin. Mais dans certain cas, le système immunitaire considère que l'organisme lui-même est un agresseur, et envoie des anticorps contre notre corps", explique-t-il. Ils attaquent donc thyroglobuline, une protéine fabriquée par la glande thyroïde. Quand le taux de ces anticorps est trop haut, on est alors en présence d'un cancer de la thyroïde. Si le taux est bas, cela n'a aucune conséquence, c'est même une bonne chose.

Quelles sont les valeurs de référence des anticorps anti-thyroglobulines ?

"En théorie, la valeur normale tourne autour de 35UI/ml, et au-dessus c'est élevé. Mais cela change en fonction de chaque laboratoire, certains considèrent que c'est 10, d'autres 100… il faut se référer à la normalité marquée après le taux trouvé sur la feuille de résultats", conseille le Dr Monpeyssen. Parfois, il peut être nécessaire de faire des analyses dans deux laboratoires pour être certain du résultat.

Dans quel cas est demandé le dosage des anticorps anti-thyrogloubolines ?

Ce dosage est demandé dans la grande majorité des cas pour surveiller le cancer de la thyroïde, et de guider le traitement. Il se fait en une simple prise de sang, et il est inutile d'être à jeun avant le prélèvement. La surveillance des anticorps anti-thyroglobuline n'a de sens que lorsqu'il y a un cancer de la thyroïde. "Pendant le traitement du cancer, cela permet de juger de la validité de nos critères de surveillance : la thyroglobuline", explique le spécialiste. Il faut donc doser plusieurs fois les anticorps jusqu'à la rémission totale.

Que signifient des anticorps anti-thyroglobuline élevés ?

► "Dans certains cas, l'augmentation des anticorps peut signifier une reprise évolutive d'un cancer de la thyroïde", précise le Dr Monpeyssen.

► Une autre maladie peut éventuellement faire grimper le taux d'anticorps anti-thyroglobuline : la maladie de Hashimoto, une maladie auto-immune. Mais, comme dit précédemment, ce sont normalement les anti-TPO qui signalent cette maladie. "Le dosage est fait uniquement en seconde voir troisième intention, lorsque le dosage des ATPO est négatif, mais qu'on est quand même quasi-certain que c'est la maladie de Hashimoto", explique le spécialiste.

► Toutes les pathologies thyroïdiennes peuvent avoir une incidence sur la capacité à tomber enceinte et à maintenir une grossesse. En effet, le rôle de la thyroïde est crucial : celle-ci intervient dans la gestion de tout notre métabolisme. La maladie de Basedow peut favoriser l'apparition de certaines complications lors d'une grossesse, pour la mère et l'enfant : une prématurité, un retard de croissance in utero, une hyperthyroïdie fœtale, un hématome rétroplacentaire voir une pré-éclampsie.

Merci au Dr Herve Monpeyssen, thyroïdologue à l'hôpital Américain de Paris.