Vaccin rougeole (ROR) : nom, obligatoire pour les soignants ?

Vaccin rougeole (ROR) : nom, obligatoire pour les soignants ?

Pour éviter de contracter la rougeole, infection virale très contagieuse qui peut toucher enfants comme adultes, la seule méthode fiable reste la vaccination. A quel âge se faire vacciner ? Faire ses rappels ?

Le vaccin contre la rougeole est-il obligatoire ?

La vaccination contre la rougeole est obligatoire pour les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018 (une injection à 12 mois suivie d'une deuxième injection entre 16 et 18 mois). "Il est fortement recommandé pour les autres enfants et les adultes", précise Yannick Schmitt, médecin et Président du Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants (ReAGJIR). La vaccination antirougeoleuse est déconseillée pendant la grossesse. Le 31 juillet 2023, la Haute autorité de Santé recommande une obligation d'immunisation contre la rougeole pour les professionnels de santé. Concrètement, les étudiants et professionnels non vaccinés ou ne pouvant pas attester d'une contamination, devront ainsi faire l'objet d'une vaccination. En cas de doute, la HAS ouvre la possibilité qu'un test sérologique puisse être effectué en amont pour établir le statut immunitaire.

Quel est le nom du vaccin contre la rougeole ?

Il s'agit du vaccin ROR – pour rougeole-oreillons-rubéole. Il existe actuellement deux vaccins aux noms commerciaux différents : Priorix et M-M-RVaxPro. Le Rouvax, aujourd'hui retiré du marché, contenait la rougeole seule.

A quel âge faire le vaccin ROR ?

► Chez le bébé, la première injection a lieu à 12 mois et la seconde entre 16 et 18 mois.

 L'utilisation de vaccins vivants atténués, comme le ROR, doit être différée de 12 mois après la naissance chez les enfants de mères traitées par infliximab, un médicament anti-inflammatoire indiqué chez l'adulte pour le traitement de plusieurs maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, psoriasis, etc.),  pendant la grossesse ou l'allaitement, prévient l'ANSM dans un communiqué du 7 avril 2022. "Les défenses immunitaires des nourrissons exposés à l'infliximab pendant la grossesse ou pendant l'allaitement peuvent être diminuées du fait du passage de cette molécule dans le sang du fœtus et dans le lait maternel. De ce fait, il existe un risque d'infection chez ces nourrissons". De même, l'administration d'un vaccin vivant chez un enfant d'une mère allaitante et traitée par infliximab n'est pas recommandée.

► Chez l'adulte, demandez à votre médecin traitant qu'il vérifie si votre vaccination ROR est à jour. Sinon un rattrapage est recommandé. "Dans tous les cas, il est recommandé que les adultes puissent justifier de deux doses. Pour les adultes nés après 1980, une dose a normalement été effectuée. Il faut dans ce cas vérifier qu'une deuxième dose ait été faite par la suite (changement de recommandations). Si aucune preuve de vaccination n'existe, il convient d'injecter les deux doses à au moins un mois d'intervalle", confirme Yannick Schmitt.

Quand faire le rappel du vaccin ROR ?

Pour les bébés, le rappel a lieu entre 4 et 6 mois après la première injection. Pour les adultes, le rappel (2ème dose) a lieu un mois après la première dose.

Combien de dose du vaccin ROR pour les adultes ?

Les personnes nées depuis 1980 doivent avoir reçu au total deux doses du vaccin trivalent, en respectant un délai minimal d'un mois entre les deux doses, quels que soient les antécédents vis-à-vis des trois maladies (rougeole-oreillons-rubéole). Les personnes qui ont développé l'une des trois maladies contre lesquelles protège le vaccin, ne sont habituellement pas protégées contre les deux autres et administrer un vaccin vivant atténué à une personne déjà immunisée ne présente aucun inconvénient du fait de l'inactivation du virus vaccinal par les anticorps préexistants, précise le ministère de la Santé dans le calendrier vaccinal. La vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons est contre-indiquée pendant la grossesse, "cependant, une vaccination réalisée par inadvertance chez une femme enceinte ne doit pas être un motif d'interruption de grossesse". La grossesse doit être évitée dans le mois suivant la vaccination. Il convient de conseiller aux femmes qui viennent d'être vaccinées et ayant l'intention de débuter une grossesse de différer leur projet d'un mois.

Quelles sont les recommandations du vaccin ROR pour les femmes ?

Conformément aux consignes du ministère de la Santé :

les femmes nées avant 1980 non vaccinées contre la rubéole et ayant un projet de grossesse, doivent recevoir une dose de vaccin trivalent (rougeole, oreillons, rubéole). Cette vaccination peut être pratiquée lors d'une consultation de contraception par exemple. Les sérologies pré vaccinales et post vaccinales ne sont pas utiles. Si les résultats d'une sérologie confirmant l'immunité de la femme vis-à-vis de la rubéole sont disponibles, il n'est pas utile de la vacciner. Il n'y a pas lieu de revacciner des femmes ayant reçu deux vaccinations préalables, quel que soit le résultat de la sérologie si elle a été pratiquée.

► pour les femmes dont la sérologie prénatale est négative ou inconnue, la vaccination ne pouvant être pratiquée pendant la grossesse, elle devra être pratiquée immédiatement après l'accouchement, de préférence avant la sortie de la maternité, ou à défaut, au plus tôt après la sortie, même en cas d'allaitement (en l'absence de suspicion ou confirmation d'immunodéficience chez l'enfant).

la vaccination contre la rougeole et la rubéole est contre-indiquée pendant la grossesse, cependant, une vaccination réalisée par inadvertance chez une femme enceinte ne constitue pas un motif d'interruption de grossesse.

► la grossesse doit être évitée dans le mois suivant la vaccination. Il convient de conseiller aux femmes qui viennent d'être vaccinées et ayant l'intention de débuter une grossesse de différer leur projet d'un mois

► Si vous êtes actuellement traitée par infliximab et que vous allaitez, il n'est pas recommandé de vacciner votre enfant par un vaccin vivant atténué (comme le BCG ou le ROR) sauf si l'infliximab est indétectable dans son sang. Echangez avec votre médecin quant aux bénéfices d'un allaitement face au risque d'exposer l'enfant aux maladies évitées par la vaccination.

Quelle est l'efficacité du vaccin ROR ?

Le vaccin est très efficace. Il consiste à déclencher une réaction de l'organisme pour qu'il fabrique lui-même une défense contre ces virus. Les effets indésirables sont minimes.

Vaccin ROR et autisme : que disent les études ?

En 1998, une étude publiée dans une revue internationale a avancé que le vaccin ROR pouvait être lié à la survenue de l'autisme. Elle a depuis été réfutée à cause de nombreuses irrégularités dans sa méthodologie. Mais de nombreux parents continuent de se méfier du vaccin. En 2019, une étude portant sur environ 650 000 enfants au Danemark, suivis en moyenne 8 ans et demi, a montré que la vaccination ROR n'était pas associée à un risque accru d'autisme ou de troubles apparentés. Les résultats de deux synthèses d'études épidémiologiques, et deux autres études de suivi vont aussi dans le sens d'une absence de lien entre la vaccination ROR et l'autisme. En février 2020, la revue médicale Prescrire a estimé que "la prévention de la rougeole, des oreillons et de la rubéole demeurait la vaccination ROR : une première dose à partir de 12 mois, et, en France, une seconde dose au moins un mois plus tard, à un âge entre 16 et 18 mois".

Où faire le vaccin ROR ?

Votre médecin traitant peut faire le vaccin. Pour les enfants, il est aussi possible de les faire vacciner dans un centre de PMI (protection maternelle infantile). Pour les adultes, vous pouvez vous rendre dans un centre de vaccination gratuit.

Prix et remboursement

Le vaccin contre la rougeole est gratuit car remboursé à 100 % par l'Assurance Maladie pour tous les enfants jusqu'à l'âge de 17 ans révolus. Pour les autres assurés, le vaccin ROR est remboursé à 65 % par l'Assurance Maladie. Son coût est de 13.91 €. Toutefois, la gratuité ne concerne que le vaccin et non l'acte d'injection qui est pris en charge dans les conditions habituelles.

Merci à Yannick Schmitt, médecin et Président du Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants (ReAGJIR).

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